Le CBD : qu’en pensent l’OMS et le ministère de la Santé ?

Depuis la décision favorable de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en 2019, le marché français du cannabidiol, ou CBD, a montré un dynamisme étonnant. Il faut dire que les études scientifiques qui investiguent son potentiel thérapeutique se suivent et se ressemblent, avec le plus souvent des conclusions prometteuses sur un large spectre de symptômes, de troubles et de pathologies. Décryptage…

La position de l’Organisation Mondiale de la Santé

Connue pour son principe de précaution parfois poussé à l’extrême (pour des raisons que l’on peut comprendre), l’Organisation Mondiale de la Santé a largement revu sa position initiale sur le cannabidiol (CBD) ces dernières années. Dans un communiqué extensif, le Comité d’Experts de l’OMS explique que « le CBD ne semble pas présenter de potentiel d’abus ou de nocivité pour la santé ». Cette conclusion a d’ailleurs poussé l’Organisation à exclure le CBD de sa liste des substances placées sous contrôle international strict, que ce soit pour la production ou l’approvisionnement.

Dans le même temps, l’Agence Mondiale contre le Dopage (WADA) a retiré le cannabidiol de sa liste des produits dopants interdits en compétition à peine trois semaines après la parution du communiqué de l’OMS, en janvier 2018.

Malgré ces positions qui tranchent avec les recommandations d’interdiction habituelles, l’OMS ne recommande toujours pas l’usage du cannabidiol à des fins médicales, avec toutefois une ouverture sur l’avenir proche. Extrait : « Les premières données issues d’études réalisées chez l’homme et l’animal montrent que son utilisation pourrait avoir des vertus thérapeutiques pour les crises dues à l’épilepsie et à des pathologies associées ». Et de conclure : « cela signifie que le CBD pourrait être utilisé à des fins médicales, mais d’autres éléments de preuve restent nécessaires ».  

La grande expérimentation du ministère de la Santé et des Solidarités

Les nouveaux éléments de preuve attendus par l’OMS pourraient bien provenir des autorités sanitaires françaises. En effet, dans la mesure où la majorité des études cliniques se limitent à des échantillons anecdotiques, le ministère de la Santé et des Solidarités a souhaité réaliser une grande expérimentation pour valider le potentiel thérapeutique du cannabidiol (non psychotrope) et du THC (psychotrope), deux substances extraites du chanvre dont la France est le 1er producteur européen, accaparant 60 % de la production sur le Vieux Continent.

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Ainsi, l’ex-ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, a donné le coup d’envoi à cet essai clinique d’envergue en mars 2021, avec la toute première prescription de cannabidiol pour un patient clermontois souffrant d’épilepsie. C’est l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) qui a défini les indications à tester :

  • Les douleurs associées aux formes « pharmaco-résistantes » d’épilepsie et de certaines neuropathies ;
  • Les douleurs récalcitrantes associées à certaines formes de cancer ;
  • Les symptômes oncologiques rebelles ;
  • La spasticité douloureuse de la sclérose en plaque ;
  • Dans une configuration de soins palliatifs.

« En tant que médecin, en tant que ministre, je suis fier que la France puisse expérimenter l’usage du cannabis à des fins médicales et d’ainsi mieux accompagner des milliers de patients qui affrontent des pathologies lourdes », avait alors déclaré le ministre de la Santé. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter ce guide du CBD sur Parlorama.

Le marché français du CBD : une dynamique étonnante

Même si les doses de CBD que l’on retrouve dans le commerce sont plusieurs fois inférieures à celles utilisées dans les essais cliniques, les consommateurs montrent un engouement inédit pour cette substance non psychotrope et non addictive.

Ainsi, selon les chiffres de l’Interprofession des métiers du chanvre (Interchanvre), l’Hexagone compterait environ 7 millions de consommateurs réguliers et occasionnels qui s’approvisionnent auprès de quelque 3 500 magasins physiques. L’offre est complétée par de nombreuses boutiques en ligne proposant un service de livraison à domicile et quelques grandes surfaces comme Carrefour, Monoprix et E. Leclerc qui ont investi le marché début 2022.

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Pour rappel, seuls les produits de cannabidiol à moins de 0,3 % de THC sont autorisés en France. Pour le législateur, c’est la garantie de produits exempts de tout effet psychotrope. Enfin, les feuilles et fleurs de CBD pur bénéficient aujourd’hui d’un sursis de la part du Conseil d’Etat qui a temporairement levé l’interdiction ministérielle prononcée le 30 décembre 2021.